Pont Naturel d’Imi n Ifri
De Demnate, la route de Ouarzazate traverse la vallée de Oued Mehasseur sur 6km jusqu'à pont naturel d’Imi n Ifri, gigantesque arche naturelle creusée par Oued Mehasseur, dont le nom signifie «porte du gouffre». Un chemin rocailleux descend sous l’arche dont ont découvre l’énorme voûte garnie de stalactites. Beaucoup d’écureuils rodent aux alentours, mais encore plus de corneilles noires. Une légende explique la présence de ces volatiles. Au fond vivait un génie maléfique à sept têtes. Ce génie terrorisait la population en interdisant l’accès à la source mais aussi en ravissant les jeunes filles en âge de mariage, ce qui lui valut le macabre surnom de khettaf El Araïs, le ravisseur des fiancées. En désespoir de cause, la population finit par conclure un acte de non agression moyennant une condition étrange, le génie exige qu’on lui offre chaque année une jeune fille vierge d’un notable, après quoi le génie disparaissait pendant une année. Mais à chaque retour il fallait préparer une vierge, aussi au fil des années, le tour des notables était presque achevé, il ne restait plus que le cheikh de Demnate qui ne put se résigner à offrir sa fille unique, il appela au secours, Malek Essif, un homme connu pour sa force et sa témérité, qui sans hésiter, se dirigea vers la grotte et coupa une des sept têtes du génie endormi. Le génie disparut dans un puits, l’homme se lança à sa poursuite dans un souterrain où il se perdit dans le noir, mais la pointe de son sabre qui l’aidait à avancer dans le ténébreux couloir buta contre une porte, il y frappa. Derrière la porte se trouvaient sept filles arrachées à leurs familles, la plus âgée d’entre elles, mais aussi la plus intelligente, sentit venir l’heure de la délivrance, les sept années de captivité lui avaient permis de capter quelques secrets du génie de l’Imi n Ifri. Elle ouvrit la porte et pria le guerrier de se précipiter vers un énorme sabre suspendu au plafond de la caverne, elle dit «c’est un sabre magique que le génie garde jalousement, c’est l’unique arme qui puisse mettre fin à ses jours, car, même, si on lui coupe les six autres têtes, il n’en mourait pas, si ce n’est par ce sabre magique». Le génie apparut à ce moment et, voyant le sabre magique entre les mains de l’intrépide guerrier, resta pétrifié de stupeur face au guerrier qui, à la vitesse de l’éclair, lui coupa les six têtes. Du corps décapité du monstre surgirent des milliers de vers qui se transformèrent en autant de corneilles. Ces corneilles sont appelées ghorab en nsara, les corbeaux des chrétiens, en berbère on les appelle amzoui. La source en aval du gouffre, qui selon la légende était confisquée par le vilain génie, recevait les visites des femmes berbères et juives qui y sacrifiaient des poules dans l’espoir de mettre au monde un garçon.
