LES GRANDEURS ALMOHADES
Pendant que les successeurs des grands fondateurs de l’empire Almoravide se laissaient conquérir par le raffinement andalou et la vie fastueuse des palais, Ibn Toumert, un prédicateur intégriste, retranché dans le lointain et inaccessible Tin Mal, déversait ses anathèmes contre cette capitale pervertie à ses yeux. Il réunit les tribus du Haut Atlas pour lancer la marche vers le nord
Surpris par la mort d’Ibn Toumert le Mahdi, son lieutenant Abdelmoumen régna au nom d’Ibn Toumert et attendit deux ans avant de déclarer la mort du Guide Almohade et se proclamer premier calife Almohade. Durant plusieurs années de prêche d’Ibn Toumert, du règne d’Abdelmoumen, plusieurs batailles avaient eu lieu entre les armées Almoravides et Almohades sans qu’une bataille décisive n’apparaisse en faveur de l’un des deux rivaux. A partir de 1145, les événements allaient s’accélérer au profit des Almohades qui conquirent le nord du Maroc et resserrèrent leur étau autour de Marrakech qu’ils enlevèrent en 1147
Abdelmoumen et ses successeurs veillèrent à effacer toute trace Almoravide sur Marrakech et entreprirent des travaux grandioses pour marquer de leur empreinte la ville ocre. Abdelmoumen dota Marrakech de la célèbre mosquée de la koutoubia et des jardins de l’Aguedal, son fils entreprit l’extension de la ville vers le sud par la construction d’une immense Kasbah dotée de palais, de résidences princières et de mosquées dont subsistent à nos jours la mosquée de la Kasbah et Bab Agnaou
Marrakech était alors la capitale d’un immense empire qui s’étendait des portes de Barcelone à Tripoli, la cour royale Almohade attira d’éminents savants et poètes dont le célèbre Mohammed Ibn Rochd connu en occident sous le nom d’Averroès. Le troisième souverain Yacoub el Mansour, acheva la construction du minaret de la koutoubia, du minaret de la Giralda et la plus grande mosquée d’occident à Rabat.
Mais la grandeur des trois premiers souverains fut suivie d’instabilité due aux luttes intestines au moment même qu’une grande coalition d’armées chrétiennes s’organisait sous la supervision directe du pape Innocent III. La grande défaite de Las Navas de Tolosa en 1212 déclencha un déclin qui dura jusqu'à la prise de Marrakech en 1269 par les nouveaux maîtres du Maroc : Les Mérinides.