La Mamounia dans les écrits de Marie-Thérèse Gadala
La Féerie Marocaine
Marrakech 1930
La Mamounia est un palais des Mille et Une Nuits...où l’on rencontre tout Paris
Créée tout récemment par la Transatlantique, elle offre aux voyageurs, en plus de ce régal d’être arabe en tout point, les plus belles épaules et les plus beaux bijoux. On y croise Sem, Alain Gerbault et tant d’autres ! Sommes-nous au Maroc ou sur la côte d’Azur ?
La porte ouverte, l’Afrique reprend ses droits. Tout autour de l’hôtel, accourus semble-t-il de tous les oasis, des flores les plus somptueuses, de nos riches parterres, sous la garde de ces oliviers antiques et vénérables, tous les feuillages, toutes les fleurs, toutes les essences se mêlent, creusent de lourdes flaques d’ombre, s’enlacent, se multiplient, s’enfoncent et se perdent dans les vasques carrées où l’eau vit de leur reflet… Verdure chaude où le violet épiscopal des bougainvillers est une améthyste dans un chaton d’émail; verdure opaque, qui coupe net l’allée rose comme ces terrasses là-bas, soulignées d’un trait d’encre, sous la voûte flottante des palmiers. Un seul mot, en arabe, pour paradis et jardin… et celui-ci en est un, paradou marocain, jardin d’Allah où l’on ne se sent que paresse et langueur, sous ces parasols jaunes, dans ces fauteuils profonds où l’on voudrait, comme ces arbres, comme ce pays, comme ceux qui en sont nés, vivre un rêve immobile d’insouciance et d’oubli…