Marrakech
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Les juifs du Maroc dans les écrits de Walter B.Harris

Morocco that Was «le Maroc disparu»

Traduit en français par Paul Odinot

« Les Juifs du Maroc sont une race à part, on distingue deux branches principales, les descendants des berbères juifs autochtones, et les descend- dants des juifs émigrés d’Espagne à la fin du XVe siècle.
Tandis que ces derniers ont conservé l’espagnol comme langue maternelle, les premiers parlent le berbère ou l’arabe suivant les régions où ils habitent. Leur type, comme un peut le penser, diffère et il est souvent difficile de distinguer un juif de l’Atlas d’un berbère musulman. Ils s’habillent de la même façon, sauf que tous les juifs se coiffent d’une petite calotte noire. L’origine de ces Juifs indigènes est inconnue et leur présence au Maroc remonte à une grande antiquité. Une tradition rapporte qu’ils furent chassés de Palestine par Josué, le fils de Noun, mais ce sont plutôt des berbères convertis à quelque période des temps païens.
Les Juifs autochtones habitent l’intérieur du pays, particulièrement les villes, bien qu’un grand nombre soient mêlés aux gens des tribus. Ils vivent à l’écart et considèrent que les Juifs d’Espagne plus cultivés vont s’éloignant de l’orthodoxie, si déjà ce n’est pas un fait accompli. Les descendants des Juifs d’Espagne ont subi une remarquable évolution depuis les cinquante dernières années. Par tous les moyens, ils se sont modifiés pour essayer d’améliorer leur situation. Des écoles ont été bâties, des professeurs amenés d’Europe, et tout cela a été réalisé au moyen de souscriptions recueillies sur place. L’Alliance israélite a pourvu largement de personnel ces écoles, mais le résultat a été obtenu surtout par l’effort intelligent des Juifs eux-mêmes.
Aucun sacrifice n’a été trop grand, aucune tentative trop vaste, et il en résulte qu’aujourd’hui on trouverait difficilement un Juif dans les villes de la côte qui ne sache parler et écrire deux langues et souvent trois.
Les Juifs d’Espagne portent comme leurs coreligionnaires de l’Orient le nom de Sephardim. Quand ils furent exilés d’Espagne après une époque de cruelles persécutions, ils cherchèrent un refuge au Maroc.
C’était déjà une race affinée et instruite, plus éduquée, plus artiste que la plupart des Espagnols parmi lesquels on ne leur permettait plus de vivre.
À leur arrivée au Maroc, ils trouvèrent des Juifs d’origine berbère vivant dans une condition d’infériorité telle qu’eux-mêmes ne pouvaient l’accepter.
Ils négocièrent donc avec le sultan une «ordonnance» qui devient le statut qui réglerait leur vie et poserait des règles de conduite, de peur que leur vie au milieu de leurs coreligionnaires plus ignorants ne les amenât à abandonner certaines coutumes de leur civilisation plus avancée. Cette ordonnance est encore en vigueur, et elle est connue des Sephardim sous le nom de Decanot. Elle contient entre autres clauses les règles des contrats de mariage et des questions de succession.
Les Sephardim du Maroc sont un peuple remarquable qui a rendu et rendra encore de grands services au pays. Ardents au travail, intelligents, hommes d’affaires avisés ; organisateurs, capables, les Juifs espagnols du Maroc n’ont cessé de progresser en civilisation, en instruction, en richesse d’une façon tout à fait louable.
Mais longtemps avant cette moderne renaissance, les Sephardim, en dépit de grandes difficultés et des retours en arrière qu’ils subirent, s’étaient taillé une bonne position au Maroc. Ils étaient devenus, en tant que banquiers et prêteurs, indispensables au pays et ils remplissaient beaucoup d’autres professions.
Tailleurs, bijoutiers, fabricants de tentes, artisans en métaux étaient en général Juifs. Le Mellah, comme leur quartier était appelé, était le centre du commerce. Dans leurs boutiques, il n’ya rien qui soit trop insignifiant pour être vendu. J’ai vu des boîtes d’allumettes vides et vendues par demi-douzaine, tandis que le même boutiquier ou peut-être son frère vous conduisait à l’étage le plus élevé de la maison pour vous montrer, une fois la porte bien fermée, un collier de perles, un cabochon d’émeraude ou un diamant taillé, gros comme un shilling.»
NB : Ces récits de voyage résumait un long séjour de l’auteur en terre du Maroc de 1887 à 1921. Dès 1887, W.Harris se rendit à Marrakech comme membre de la délégation diplomatique anglaise conviée à la cour du sultan Moulay El Hassan. Ses séjours à Marrakech se succédèrent de manière interrompue jusqu'à son départ en 1921. Ce portrait esquissé sur le juif marocain en général s’applique encore plus aux juifs de Marrakech.


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