Marrakech
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Voyage vers Marrakech : H00tel,Restaurant,Jardin Marrakech - Maroc

Les tombeaux Saadiens dans les écrits de Jerôme et Jean Tharaud

Marrakech ou les seigneurs de l’Atlas

Marrakech 1918

Aucune porte ne défend l’accès de ces pavillons, ruineux. On passe de plain-pied des orties de l’enclos dans une chambre merveilleuse, au milieu de laquelle sont posés sur le sol trois longs cercueils de marbre. Autour de ces trois tombes s’élancent des colonnes, sur lesquelles s’appuient des arcades et la haute voûte d’un plafond étincelant de reflets d’or et de couleurs passées. Une simplicité, une proportion divines, qui rappellent les plus beaux ouvrages de l’art grec ou de la Renaissance italienne. Et tandis que l’esprit se réjouit de l’harmonie des lignes, les yeux découvrent avec enchantement une décoration murale d’une richesse, d’une variété, d’une fougue incomparables. Pas un marbre, pas une surface, pas un caisson de cèdre, pas une faïence où ne se déploie une imagination vraiment déconcertante en ressources et en ingéniosité. Il faudrait des jours et des jours pour épuiser un détail infini, qui deviendrait peut-être lassant par sa prodigalité, si la contemplation ne trouvait son repos dans le calme de l’ensemble. Entrelacs, rinceaux, nids d’abeilles, panneaux couverts d’une écriture dont les lettres se nouent et se dénouent, s’emmêlent et se poursuivent, comme dans nos vieilles tapisseries les lévriers et les lièvres bondissants, tableaux de plâtre ajouré, stalactites, sceaux de Salomon, araignées du Propbète, étoiles et soleils de zelliges, tous les motifs habituels de la décoration moresque se retrouvent ici avec une telle abondance et tant de bonheur dans l’invention, que tout cet art formel et volontaire, le plus éloigné de la réalité qui se puisse concevoir, fait vibrer ces murailles et les anime, pour ainsi dire, de la vivante chaleur de l’esprit.


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