La palmeraie dans les écrits d’Eugène Aubin. Le Maroc dans la tourmente
Eugène Aubin, né le 11 Avril 1863 à Rouen, et mort le 26 août 1931 à la Roche-en-Ardenne, est un diplomate français. Sa carrière a débuté à la Cour de Grèce puis à celles du sultan-calife de Constantinople (1886) et du khédive d’Egypte (1890). Le 18 août 1902, Eugène Aubin est nommé premier secrétaire de la légation française de Tanger pendant deux ans. Profitant du statut de diplomate, il découvre des contrées encore fermées aux occidentaux à cette époque et publie ses récits de voyage sous le titre « Le Maroc d’aujourd’hui », Eugène Aubin continue sa brillante carrière à la république de Haiti puis à la Perse à laquelle il a consacré trois livres. En 1914 et pour des raisons obscures il est mis en disponibilité au ministère jusqu’à sa retraite.
Comme tout voyageur venant du nord, Eugène Aubin fût impressionné par la palmeraie de Marrakech qui constituait la première oasis du sud marocain. Eugène Aubin fut l’un des premiers auteurs du 20ème siècle à décrire la palmeraie.
« Marrakech, le 23 novembre 1902
Au pied du djebel Ghilis, s’étend la palmeraie due au réseau serré des affluents du Tensift, qui descendent des grandes montagnes sur ce point privilégié. De cette humidité bénie est sortie la forêt de palmiers qui forme l’oasis de Marrakech. Les dattes n’en sont pas bien bonnes ; les régimes sont petits, de qualité médiocre ; mais les dattiers abritent, dans des clôtures en terre, sous une végétation d’oliviers, de figuiers, de mûriers et de grenadiers, de précieuses cultures de piments, d’aubergines, de courges et de fèves. L’oued Issil s’est creusé un lit profond à travers toute la palmeraie, pour rejoindre le Tensift auprès du vieux pont d’el-Kantara, jeté par les ingénieurs marocains sur des arches massives, et qui assure, malgré les crues du fleuve, la permanence des communications avec la mer par la route de Mazagan. Parmi la verdure grisâtre des palmiers, une immense tache rouge : c’est l’agglomération de maisons en prisé qui constitue Marrakech, dominée par le minaret carré de la Koutoubiya ; tout autour, une enceinte de murailles et de tours, marquant vers l’Atlas une saillie très accentuée, pour enclore les jardins impériaux de l’Agdal. »