Palais de la Bahia dans les écrits de Walter B.Harris
Morocco That Was - Le Maroc Disparu
Marrakech 1920
Pendant six ans, les travaux ne cessèrent pas : tous les ouvriers de quelque valeur et tous les meilleurs artistes du Maroc y furent employés.
Le résultat fut grandiose et le bâtiment forme maintenant la résidence du gou- vernement français.
La Bahia – c’est ainsi qu’on l’appelle, ce qui signifie «l’éclatante», «la belle» se compose d’une succession d’élégants patios, les uns plantés de cyprès, d’oran- gers, de citronniers, les autres d’arbres fruitiers et de fleurs, et tous communiquant entre eux.
Ces cours sont surmontées d’arcades sur lesquelles s’ouvrent les chambres du premier étage.
Partout on trouve les fontaines et des bassins. Ce palais couvre une grande superficie et, bien que tout à fait moderne, présente un grand intérêt.
On y trouve un patio particulièrement beau, où l’architecture marocain a suivi la tradition du passé. Les murs en sont élevés, la charpente du plafond n’est pas peinte comme d’habitude en plusieurs couleurs, la cour intérieure elle-même n’est pas tout à fait aussi vaste que les autres.
Les chambres ne sont peut-être pas aussi intéressantesque le patio sur lequel elles s’ouvrent, bien que, en beaucoup d’endroits, les plafonds sculptés et peints soient très beaux.
Au cours d’une récente visite que je fis à Marrakech, il me fut donné de parcourir ce palais à loisir, guidé par un indigène qui avait occupé un emploi au palais lors de sa construction et qui en connaissait tous les recoins.
Je l’avais vu bien des années auparavant ou du moins quelques-unes de ses salles, car j’avais été invité deux fois à dîner par son propriétaire, le fameux Ba Ahmad. Je me rappelle une de ces soirées, la chaude senteur des jasmins dans la cour, car le printemps était déjà avancé, le grand dîner servi dans un des salons et l’orchestre indigène qui faisait entendre une douce musique, près de la porte.
Et je revois encore Ba Ahmad lui-même, court, épais, et d’apparence peu engageante, mais néanmoins excellent amphitryon.